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L'ART À L'ÈRE DE SA FIN

ART IN THE AGE OF EXTINCTION

ART A L'EDAT DE LA SEVA FI

DU 16 JUILLET AU 26 septembre 2012

À CERBÈRE / STATION PHARE D'ART CONTEMPORAIN 

 

 

ARTISTES

Pierre-Olivier Arnaud (F)

Stefan Bruggemann (Mexique)

iF collectiF (F)

Hervé Laurent (F)

Miquel Mont (E)

Pascal Poulain (F)

Paul Pouvreau (F)

Julie Sas (F)

Ambroise Tièche (CH)

Nathalie Wetzel (CH)

 

CURATED BY

Karine Vonna Zürcher

 

STATEMENT

Gisements de matière grise

et autres filons de matériaux poétiques

 

Pour faire de Cerbère et Portbou deux stations phares

de l'art contemporain, SHANDYNAMIQUES a choisi de recharger poétiquement des lieux devenus des non lieux, sans emploi, en vacance(s), désaffectés, dans ce petit pays paysage catalan dont les gisements de matière grise

et autres filons de matériaux mythiques, symboliques, philosophiques, esthétiques, etc. n'intéressent plus grand monde aujourd'hui, a priori. 

Le philosophe Walter Benjamin est pourtant mort et enterré à Portbou... L'artiste Dani Karavan a pourtant signé à Portbou un hommage exemplaire à Benjamin, tout à la fois monumental et discret... L'hôtel dit du Rayon Vert

nous renvoie pourtant à Cerbère et au roman éponyme

de Jules Verne et à une oeuvre culte signée Marcel Duchamp pour la grande expo surréaliste de 1947, galerie Maeght...

Le seul nom de Cerbère fonctionne pourtant comme

un passe partout idéal pour aller en enfer retrouver Prométhée, Eurydice et Orphée, Sisyphe...



Pour faire de Cerbère et Portbou deux stations phares

de l'art contemporain, SHANDYNAMIQUES a choisi d'inviter tout au long de l'été 2012 une dizaine d'artistes prêts

à plancher surfer à partir et autour d'un statement aux accents tout aussi post-benjaminiens que post-duchampiens, à partir et autour d'un show title signé Stefan Brüggemann : ART IN THE AGE OF EXTINCTION, autrement dit

L'ART À L'ÈRE DE SA FIN...

Côté Cerbère, tandis que le IF COLLECTIF collait

ses laconiques post-its dans le tunnel piétonnier qui va

de la gare à la plage et vice versa — chaque post-it proposant une citation, un fragment, un extrait, un zest d'idée,

le morceau choisi d'un concept : l'oeuvre ne s'impose pas  / les plages sont les grèves de jadis /  la fin manque... — 

huit autres artistes avaient carte blanche pour s'emparer

des espaces d'affichage sans affiches depuis belle lurette dans le passage souterrain de la gare de Cerbère.



MIQUEL MONT avait donc convoqué une fois de plus

Saint Augustin pour la partie intertextuelle — je crois

parce que c'est absurde — d'un collage idéologique

avec une photo tendance floue de petits photographes.

 

PAUL POUVREAU avait quant à lui construit des cités

dont les immeubles étaient devenus les cartons d'emballage de nos produits de consommation courante, des cités dont les lumières pouvaient rappeler le Alphaville de JLG sinon

les éclairages auratiques d'un Pierre Alekan ou encore

des Studios Harcourt. 

 

PASCAL POULAIN avait pris quant à lui le parti d'afficher

les traces d'une grève générale dans une fabrique d'enveloppes commerciales blanches — on pense évidemment à l'opération art strike de Gustav Metzger,

au ne travailler jamais de Guy Debord, aux transbordeuses d'agrumes qui furent à Cerbère les toutes premières travailleuses à cesser le travail...

 

NATHALIE WETZEL avait fait quant à elle le pari

de bouleverser le mode d'emploi du daguerréotype

pour que ses photos puissent via la plaque de verre (re)devenir des dessins... HERVÉ LAURENT s'était quant à lui contenté de légender les paysages de NATHALIE WETZEL

avec une phrase interminable via laquelle il s'offrait le luxe

de (re)mixer presque tous les clichés poétiques en général usités et usés pour dire la beauté sacrée de ces paysages là...

 

JULIE SAS avait quant à elle jugé opportun de se singulariser, de ne pas produire comme tout le monde une affiche,

de (re)produire pour ce faire en mode same same ​

but different l'une des expériences les plus radicales

de l'histoire de l'art moderne, celle de Malévitch,

celle du carré noir sur fond blanc...

 

PIERRE-OLIVIER ARNAUD s'était fait quant à lui un plaisir 

de (re)projeter sur trois écrans en même temps, image par image, son film en noir et blanc dédié cela étant au Rayon Vert. Un film gris, plutôt gris, plus gris que noir et blanc,

qui permet de renvoyer le regard du regardeur au ressenti d'un certain Maxime Gorki, lorsqu'il découvre en 1897

à la foire de Nijni-Novgorod le Cinématographe Lumière : "Hier soir, j'étais au royaume des ombres. Si seulement vous pouviez vous représenter l'étrangeté de ce monde. Un monde sans couleur, sans son. Tout ici — la terre, l'eau et l'air,

les arbres, les gens — tout est fait d'un gris monotone.

Des rayons de soleil gris dans un ciel gris, des yeux gris

dans un visage gris, des feuilles d'arbres qui sont grises comme la cendre. Pas la vie, mais l'ombre de la vie.

Pas le mouvement de la vie, mais une sorte de spectre muet." Un film dont les images avaient été par ailleurs réunies

par POA pour fabriquer un flipbook en forme de journal.

Un folioscope tabloïd de 16 pages, tiré à 5000 exemplaires, présenté sur palette dans la salle de ciné du Belvédère

du Rayon Vert et mis gratuitement à la disposition

de toute personne qui voudrait bien l'ajouter

à sa collection d'oeuvres d'art, à l'ère de ce que

Benjamin appelait leur reproductibilité technique...



Côté Portbou, tandis que le IF COLLECTIF posait çà et là,

tout autour du cimetière marin où repose Walter Benjamin, des petits cailloux emballés comme du sheet dans du papier alu, des petits cailloux venus du bout du monde, de la plage ainsi nommée entre Cerbère et Banyuls, AMBROISE TIÈCHE 

dit l'aède de Genève allait quant à lui jusqu'au bout de son idée de mettre littéralement ce petit pays paysage de Cerbère et Portbou entre parenthèses. Pour ce faire, après avoir posé au bout du bout du quai C de la gare internationale de Cerbère une première plaque d'acier, genre boucle d'oreille sur laquelle il avait fait graver en français parenthèse fermée + parèntesi obert en catalan, il avait juste bouclé

la boucle en posant quelque part au fin fond du quai B

de la gare internationale de Portbou une seconde plaque d'acier sur laquelle il avait cette fois fait graver en français

 parenthèse ouverte + parèntesi tancat en catalan...    

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