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MARILINA PRIGENT

PETITES HISTOIRES INOUBLIABLES

Née en 1986 en Argentine, anciene élève de l'école supérieure d'art de Montpellier, Marilina Prigent utilise le plus souvent l'écriture ainsi que les médiums photo et vidéo pour mettre en oeuvre ses travaux d'artiste archiviste. Après avoir présenté au MRAC / Musée régional d'art contemporain (2013-2014) puis au Château Royal de Collioure (février-mars 2014) différents fragments de ses archives à propos de l'Argentine ou encore de la Palestine, ayant déjà pu apprécier par conséquent l'art et la manière avec lesquels Marilina Prigent traduit et transmet toute la vraie fragilité d'une mémoire, d'une histoire, d'un instant, d'un événement, qui se résument à quelque(s) image(s), des images qui ne sont pas forcément comme disait Gilles Deleuze des images justes, des images qui se présentent et s'exposent avec ou sans légende, le plus souvent sous un beau papier calque ouvragé sinon un transparent plastifié et doucement coloré, Karine Vonna Zürcher, directrice artistique des Shandynamiques a choisi d'inviter cette toute jeune artiste à travailler fin 2014 à Cerbère, le temps d'une RAS / Résidence Artistique Shandynamique à l'archivage de ces toutes

petites histoires inoubliables, que les habitants de Cerbère, anciens et enfants, gardent en général non-dits pour eux...

 

Arrivée à Cerbère fin septembre 2014, Marilina Prigent explique ainsi sa démarche : "Tout va bien, j'ai commencé un travail de collecte de récits.

J’ai demandé aux anciens du village des souvenirs d’enfance, quelque chose de mémorable. Pas une grande histoire, des histoires plutôt personnelles, des anecdotes, celles qui ne figurent pas dans les manuels. C’est la banalité des faits qui m’interesse, les bouts et bribes de vie

de ces gens inconnus. En parallèle je suis en train d'amorcer un autre travail à partir d'archives, des photos personnelles, portrait de ces enfants d'une autre époque déjà révolue. Voici quelques extraits de récits déjà collectés. Premier extrait : << Elle avait reçu une poignée des bonbons

de la part d’un jeune soldat allemand. C'’est l'unique souvenir qu’elle garde de cette période. Elle n’avait que cinq ans à l’époque. En rentrant

à la maison sa mère l’a obligée à jeter ces bonbons à la poubelle. Elle me regarde et me confie ouvertement :  Je vais toujours me souvenir

de ce jour. Nous n'avions rien, nous étions très pauvres à l’époque.>> Deuxième extrait : << Elle avait peur, depuis toute petite elle avait très peur.

À l’époque, ils habitaient la rue juste à côte de la place. Quand je lui demande pourquoi elle avait peur, elle ne sait pas. Elle ne trouve pas les mots pour définir l’origine de cette crainte. Peur de quoi, enfin ? De tout et de n'importe quoi. Ça pouvait venir d’un bruit inhabituel, ou bien… Elle ne sait rien… Alors pour vaincre cette peur, elle amenait sa petite sœur au fond du jardin. Elle lui faisait le loup. Et elle me raconte en souriant : comme ça ma sœur avait peur et moi je me disais "je n’ai plus peur ’’,  alors qu’au fond j’avais aussi peur qu’elle, parfois même plus.>>

 

Parallèlement, après avoir découvert la très belle collection de papiers d'emballages d'oranges constituée par Madame Calcine — une transbordeuse  aujourd'hui disparue, une collection fort heureusement conservée par son fils Denis Calcine —, après avoir constaté qu'on parle toujours des transbordeuses en général, sans jamais les nommer ni même les prénommer, sauf exception, Marilina Prigent a choisi d'engager un travail spécifique à propos de ces papiers d'emballages d'oranges et des noms et prénoms de chacune de ces fameuses femmes transbordeuses. À suivre... Une exposition est d'ores et déjà prévue à Cerbère, a priori dans le cadre de la 4ème édition de la MAC / Manifestation d'art contemporain programmée par Shandynamiques pour l'été 2015, pour rendre compte de tout le travail de mémoire ici effectué par Marilina Prigent.  

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