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PORTBOU

Portbou n'était autrefois qu'un petit port de pêche de la Costa Brava catalane.

Étymologiquement, en catalan, "bou" désigne aussi bien les barques que les filets autrefois utilisés pour pêcher à la traine en Méditerranée. Comme à Cerbère, l'arrivée du train et la création de la gare ont marqué de manière déterminante l'histoire de cette commune à la fin du XIXème siècle. Autre grand marqueur historique de Portbou : le choix de Walter Benjamin d'en finir ici avec la vie après avoir franchi la frontière à pied via le col de Banyuls.

La gare



Premier ou dernier village de la Costa Brava selon qu'on vient de France ou de Barcelone, Portbou possède depuis 1872 une gare dont l'architecture remarquable et la verrière gigantesque sont les architectoniques témoins d'une époque où toute l'activité économique tournait autour du transit ferroviaire.



C'était avant. Avant la crise que l'on sait... Cela étant,  le buffet fonctionne encore en gare de Portbou, ce qui n'est plus le cas en gare de Cerbère.



Walter Benjamin


En mai 1940, la "drôle de guerre" était finie sur le front Ouest et les troupes de Hitler marchaient sur la France. Mi-juin, juste avant que les Allemands occupent Paris, Benjamin

et sa soeur s'enfuirent vers le Sud. Jusqu'à mi-août, il séjourne à Lourdes, rongé par l'incertitude où il est de savoir si Horkheimer et Adorno réussiront à lui procurer un visa d'émigration pour les États-Unis. Fin août, Benjamin arrive à Marseille où il récupère son visa pour les États-Unis. Il a prévu de quitter la France illégalement en franchissant les Pyrénées.

A Banyuls, il est pris en charge avec d'autres candidats à l'exil par Lisa Fittko, qui avec son mari et l'appui du maire de la ville, a préparé la fuite via le col de Banyuls par la route Lister. Selon Lisa Fittko, Benjamin portait "une grande serviette de cuir noir qui était pour lui

la chose la plus importante parce qu'elle contenait son dernier manuscrit. Quoiqu'il arrive, aurait-il dit, il faut sauver le manuscrit. Il est plus important que ma propre personne". Lorsqu'ils atteignirent le poste frontière de Portbou, faute de visa de sortie français,

étant tous apatrides, la guardia civil leur refusa le passage. On les autorisa cependant

à passer la nuit sur place, à l'Auberge Francia. C'est là que Benjamin avala, chambre 4,

au 2ème étage, le soir du 25 septembre, une forte dose de pilule de morphine.

Il mourut le lendemain vers 10 heures. 



L​e cimetière marin


Inhumé selon le rite catholique, amené au cimetière marin de Portbou dans un cercueil porté par six hommes, après une messe, le laïque Benjamin a d'abord reposé au moins pendant cinq ans dans une niche funéraire louée par Henny Gurland, compagne d'exil. Il fut ensuite déplacé dans la fosse commune où il repose encore aujourd'hui.    

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Le Passage de Karavan

Aujourd'hui, tout autour du petit cimetière marin de Portbou, l'artiste Dani Karavan a créé en hommage au philosophe de la fin de l'aura, un monument parfaitement anti-monumental : d'abord un escalier qui descend vers la mer, ensuite quelques marches d'un autre escalier qui permet d'embrasser la totalité du paysage, enfin un petit cube posé sur une plate-forme carrée et sur lequel on peut s'asseoir et réfléchir sur cette phrase gravée sur une plaque de verre dans le bas du premier escalier : "C'est bien plus difficile d'honorer la mémoire des anonymes que celle des personnes célèbres. La construction historique est consacrée à la mémoire de ceux qui n'ont pas de nom."

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